Journée d’étude #1
Pensée décentralisatrice et projet de territoire
jeudi 8 décembre 2016
ENSAG – Amphi Haut
Le laboratoire les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoire, organise un nouveau cycle de journée d’étude intitulé Pensée décentralisatrice et projet de territoire, sous la direction de Catherine Maumi.
Présentation
« La décentralisation n’est pas la dispersion, c’est faux, c’est la réintégration » affirmait Frank Lloyd Wright en 1932. Il faut alors entendre par réintégration une pensée du territoire ne procédant plus selon l’opposition ville-campagne et nature et contestant les modes de développement adoptés jusqu’alors, ceux-ci n’ayant eu de cesse d’accentuer les déséquilibres entre la Grande Ville et la campagne, et d’augmenter les désordres et la misère dans les mondes urbain et rural.
Les partisans de la décentralisation sont alors portés par la volonté de lutter contre l’ordre établi et la conviction qu’une autre organisation spatiale, en phase avec la nouvelle société plus équitable à laquelle devait donner jour le monde « moderne » du XXe siècle, serait à même de modifier cet ordre des choses. Pour cette raison, la pensée décentralisatrice ne peut être considérée uniquement sous l’angle d’une nouvelle réorganisation des diverses activités sur le sol ; elle constitue également un nouvel ordre économique et social se voulant plus égalitaire, celui-ci étant désormais envisageable grâce au déploiement des techniques modernes. L’électricité, le téléphone, la motorisation – l’automobile notamment – la radio, etc., autorisaient en effet un tel développement – économique et territorial – décentralisé, pour le plus grand bien des habitants des villes, comme des campagnes. La décentralisation visait à une répartition équilibrée des diverses activités économiques sur le sol afin de réduire le monopole de la métropole et le pillage que celle-ci orchestrait des ressources et richesses, naturelles et humaines.
Une des questions récurrentes posées par chacun de ces projets et/ou expérimentations, et qui constitue un enjeu majeur en ce début de XXIe siècle, est celle de la terre ou du sol – entendu comme réservoir de ressources naturelles et lieu de production (agricole notamment) –, de sa qualité et de son mode de gestion (ou régime foncier). Lutter contre la ruine de la Terre et de ses potentiels et favoriser un mode de vie assurant le bien-être de ses habitants implique en effet de mettre en œuvre une gestion responsable du sol (plusieurs modalités ayant été imaginées allant de la propriété d’usage ou collective, la gestion coopérative, etc.).
L’approche holistique privilégiée par une majorité des décentralisateurs fait écho à certaines démarches prônées aujourd’hui, au XXIe siècle, par les concepteurs de l’espace – paysagistes, urbanistes, architectes ; de la même façon, les principes économiques sur lesquels se fondaient ces visions, souvent qualifiées d’utopiques, ne sont pas si éloignés des discours actuels sur la valorisation des circuits courts et des modes de production locaux.
L’intention visée avec cette première journée d’étude est de confronter des visions et projets conçus dans des contextes culturels, sociaux, économiques et politiques différents afin de comprendre les similarités dans les approches et enjeux, mais aussi les divergences pouvant être observées dans la formulation des réponses apportées, voire les résonnances existant parfois entre certaines d’entre elles. L’entre-deux-guerres est privilégié pour cette première rencontre ; l’après Seconde Guerre mondiale – introduite par la dernière intervention – fera l’objet d’une deuxième journée d’étude, en 2017.
Le programme
9h00 / Accueil et présentation de la journée
par Catherine Maumi, directrice du laboratoire MHAevt, professeur, ENSA de Grenoble
9h30 / Alexandro de Magistris, DASTU, Politecnico di Milano
URSS 1920/1930. Visions de la décentralisation entre utopie, réalité et idéologie
10h30 / Nicole de Tognis, Patrizia Bonifazio, DASTU, Politecnico di Milano
Italy 1930s: intellectual and technical milieu and debates on the city and the territory
11h30 / Corinne Jaquand, IPRAUS, ENSA de Paris-Belleville
Les figures territoriales de la pensée décentralisatrice en Allemagne 1900-1950
12h30 / Pause déjeuner
14h00 / Catherine Maumi, MHAevt, ENSA de Grenoble
Pensée décentralisatrice et regional planning comme écologie humaine, aux états-Unis (1920-1930)
15h00 / Olivier Labussière, UMR PACTE, Université Grenoble Alpes
Megalopolis 1950 : région urbaine et planification à travers le regard de Jean Gottmann
16h00 / Discussion : perspectives de recherche
Organisation et contact
Catherine Maumi, professeur HCA, MHAevt, ENSAG
maumi.c@grenoble.archi.fr