L’objectif de ce projet est d’explorer l’existence et l’émergence de pratiques et de modèles touristiques alternatifs en montagne à partir du cas de la station associative des Karellis en Savoie.
Contexte & Objectif :
Les stations de sports d’hiver font aujourd’hui face à de nombreux enjeux liés aux défis de l’enneigement des stations et de la diversification des sports d’hiver (George et al., 2019). En effet, 53 % des stations de skis européennes étudiées par François et al. (2023) seraient exposées à un risque très élevé d’approvisionnement en neige en cas de réchauffement climatique de 2 °C et 98 % en cas de réchauffement de 4 °C. Par ailleurs les régions montagneuses sont des territoires à fort niveau de vulnérabilité socio-écologique (ibid.). Du point de vue climatique et des écosystèmes, « les régions alpines se réchauffent à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale, et les niveaux élevés d’endémisme rendent la biodiversité alpine particulièrement vulnérable au changement climatique » (Wilkes et al., 2023, p. 841). Du point de vue socio-économique, ce sont des régions vulnérables car grandement dépendantes du tourisme du ski (François et al., 2023)
S’il est aujourd’hui indispensable de penser l’adaptation et la transition du tourisme de montagne, les modalités suivant lesquelles cette transition doit s’effectuer reste sujette à discussion et controverse au niveau sociétal et reste encore peu étudiée par la recherche académique. Ce sont ces enjeux que nous explorons dans cette recherche.
Méthode :
Afin de mener à bien ce projet de recherche et de répondre aux objectifs fixés, le dispositif méthodologique est structuré autour d’une double approche. Tout d’abord d’une approche historique permettant de retracer de manière longitudinale et dynamique le développement de la station des Karellis de ses origines à aujourd’hui. Pour cela, un travail de consultation des archives de la station, des ouvrages de Pierre Lainé son fondateur et d’entretiens avec des personnes ayant participé à sa création sera entrepris. Ce travail historiographique a pour objectif principal de comprendre le développement d’une forme de tourisme alternatif – ce que Pierre Lainé a nommé le « développement harmonisé » – fondée sur un modèle organisationnel innovant.
En parallèle, nous mettons en œuvre une approche ethnographique fondée sur la conduite d’entretiens avec des acteurs locaux – commerçants, gérants, artisans, politiques etc. – ainsi qu’avec des touristes afin d’étudier le fonctionnement contemporain de la station et d’explorer les motivations et les expériences de consommation des usagers de la station. Un premier terrain ethnographique a été réalisé en mars 2025.
Contributions scientifiques :
Ce projet ouvre la voie à l’exploration à plusieurs thématiques et objets de recherche et entend contribuer à l’étude des :
– Formes organisationnelles alternatives dans le secteur touristique
– Comportements des touristes responsables et pratiques de consommation durable en montagne
– Patrimoines culturel et naturel comme leviers de la transition
– Utopies, entreprenariat social et figure de leader
– Relations homme-nature et du rapport au vivant dans l’évolution du tourisme de montagne
Enjeux sociétaux, retombées sociétales identifiés :
Ce projet adresse des enjeux sociétaux et économiques importants, axés autour de la transition et de l’adaptation des stations et du tourisme de montagne face aux enjeux climatiques et environnementaux. Ces enjeux sont par exemple ceux qui ont été identifiés dans le plan Avenir Montagnes lancé en 2021 par le gouvernement français et qui pose comme ambition forte de « construire un modèle touristique à la fois plus diversifié et plus durable pour les territoires de montagne ». Nous voyons ainsi émerger des injonctions issues des sphères publique et politique pour « réinventer la montagne », appelant les territoires de montagne à « engager leurs transitions » et à « se réinventer vers plus de durabilité et de diversification » (Conseil National de la Montagne, février 2023). Ce projet entend contribuer aux réflexions et travaux en cours sur ces questions d’adaptation et de transition du tourisme de montagne.
En termes de méthode, notre travail se fonde sur une étude historique (à partir des archives et de l’histoire de la station) et une enquête de terrain (observation, entretien avec des personnes de la station, des vacanciers, etc.) que l’on a commencée la semaine dernière avec Boris Collet et Matthieu Battistelli, MCF à l’USMB au laboratoire IREGE. On a obtenu un premier financement de la chaire Tourisme Durable (IREGE) pour faire ce terrain.
Equipe de recherche :
-Dominique Kreziak, chaire Tourisme durable, IREGE, USMB
-Boris Collet, IREGE, USMB
-Matthieu Battistelli, IREGE, USMB
-Camille Lesouef, MHA, ENSAG-UGA
Contact :
Camille Lesouef, lesouef.@grenoble.archi.fr