Nos travaux portent sur l’analyse critique de l’architecture à travers la caractérisation de ses processus de conception et de fabrication. Nous interrogeons l’architecture dans ses dimensions théoriques et pratiques et nos activités sont organisées en trois axes. Cette structuration thématique n’est pas exclusive ou hermétique, certains travaux sont à cheval sur plusieurs axes, et notre découpage doit se comprendre dans sa complémentarité et dans une logique d’enrichissement. Nous privilégions un croisement des regards et des approches. Notre regard est transcalaire, il s’établit de l’échelle de l’édifice à celle du territoire, en passant par l’échelon urbain.
Axe 1 : Dimensions critiques et théoriques de l’architecture :
Le premier axe regroupe les travaux ou les problématiques qui s’intéressent plus particulièrement aux dimensions théoriques et critiques de l’architecture. L’analyse des processus de construction des idées et des concepts, qui sous-tendent la démarche de l’architecte, ou qui accompagnent la mise au point d’un édifice, est au centre des préoccupations. Cette histoire des idées analyse les pensées, les débats et les discours de l’architecture sur une période donnée ou dans un contexte particulier. L’identification des moments de rupture ou de continuité, les dialogues, confrontations, croisements ou transpositions disciplinaires sont considérés. L’apport des arts, des arts visuels, des scènes intellectuelles ainsi que la prise en compte des contextes sociaux, techniques et économiques constituent des clés pour comprendre la formation des concepts et éclairer les modalités et les enjeux de l’architecture. Les processus de création et les modalités de déplacement de la pensée, chez les artistes ou les architectes, sont convoqués pour éclairer les pratiques.
Ces questionnements portent sur la période du XX° siècle mais également sur l’époque contemporaine, en s’intéressant par exemple aux nouvelles formes d’organisation, aux nouvelles pratiques, ou en prenant en compte les défis sociétaux à relever dans le contexte d’urgence climatique ou de mutation technologique. Cette compréhension des enjeux à travers leurs épaisseurs historiques et culturelles, constitue pour nous un moyen privilégié pour penser le contemporain et envisager le futur.
Axe 2 : Dimensions projectuelles et instrumentales :
Le second axe s’intéresse plus particulièrement aux outils de la conception architecturale et urbaine. Nous caractérisons les méthodes et les instrumentations de ces processus. Les outils nous appareillent le monde et ils participent à nos modes de compréhension et de projetation. Les outils sont activateurs de la pensée architecturale et nous examinons leurs influences. Nous les considérons dans leurs contextes, à travers leurs évolutions historiques, à travers la compréhension des transformations socio-techniques qui les accompagnent. Le dessin ou le relevé, la géométrie et les tracés régulateurs, l’image animée, l’image en mouvante, l’usage des algorithmiques et des données, la fabrication robotisée ou encore la cartographie, ainsi que les formes de néo-cartographie qui émergent, constituent autant d’instruments que nous examinons.
L’analyse de l’ancrage historique des outils de la conception s’accompagne d’expérimentations et de développements de prototypes. Nous participons ainsi à la mise au point de nouveaux outils ou de nouvelles techniques, et notre regard nous permet d’envisager les développements les plus récents et de contribuer à leurs appropriations techniques et culturelles. Ces questions prennent particulièrement sens dans une perspective de transition numérique.
Par ailleurs cet usage des techniques numériques est mis au service de l’analyse et du traitement de corpus historiques et architecturaux. Nous mobilisons les méthodes du re-dessin, nous construisons des cartographies, nous réalisons des numérisations, des rétro-modélisations, nous constituons des bases de données du patrimoine immatériel ou des matérialisations par impressions 3D du patrimoine matériel. L’usage de la vidéo, outil de relevé, nous permet d’atteindre un imaginaire, et d’établir la pensée en acte comme une donnée de la conception architecturale contemporaine.
Axe 3 : Dimensions matérielles et physiques :
Notre troisième axe scientifique porte plus spécifiquement sur les dimensions matérielles et physiques de l’architecture. Nous interrogeons dans cet axe les relations du bâti à l’histoire et aux processus de transformations, ainsi que les formes spatiales, les compositions, les qualités et la hiérarchisation des espaces, dans la perspective d’une analyse des dispositifs et de la matérialité des édifices construits.
La connaissance historique du bâti, de sa genèse jusqu’à ses éléments physiques constitutifs, est envisagée dans une démarche de projet, qu’il s’agisse d’entretien, de conservation, de restauration ou de réhabilitation. La notion de patrimoine est ici mobilisée pour explorer les enjeux épistémologiques, techniques et professionnels de l’intervention dans l’existant. Les réalisations du XXe siècle sont considérées avec une attention particulière, non pas parce qu’elles constitueraient une catégorie de patrimoine en soi, mais parce qu’elles mobilisent des matériaux et des savoirs techniques d’une grande diversité.
Cette approche de la matérialité croise ainsi l’étude des formes et des qualités architecturales avec celle des modes constructifs et des équipements techniques qui leurs sont attachés. Cela dans une perspective critique dans la mesure où il s’agit d’interroger des savoir-faire techniques – traditionnels ou relevant des productions de l’ère industrielle – à l’aune des enjeux contemporains.