Auteur : Raphaël Vouilloz, doctorant ENSAG, MHA
Direction de Thèse : Philippe Marin, Prof. ENSAG, MHA
Co-encadrant : Bernard Cache, Prof. honoraire EPFL, CNPA
Lieu :Université de Lausanne, Lausanne, Suisse
Titre :
La mise en œuvre de la stéréotomie, de la tradition à l’invention : étude de l’escalier en fer-à-cheval du Château de Fontainebleau.
Biographie :
Raphaël Vouilloz est un architecte suisse formé à l’EPFL. En 2021, il rejoint le laboratoire des Cultures Numériques du Projet Architectural (CNPA) du Prof. Bernard Cache comme assistant scientifique pour la recherche et l’enseignement en géométrie, stéréotomie et BIM (Building Information Modeling). Puis il entreprend un doctorat sous la direction de Philippe Marin, Prof. à l’ENSA Grenoble au laboratoire Méthodes et Histoire de l’Architecture (MHA), et co-encadré par Bernard Cache. Sa recherche porte sur l’étude géométrique de l’escalier en fer-à-cheval du Château de Fontainebleau, et la transposition des méthodes numériques de l’industrie à la stéréotomie.
Résumé :
La présentation investigue les procédés de mise en œuvre de la pierre de taille dans le contexte la stéréotomie, l’art de la coupe et de l’assemblage des pierres, et leur relation à l’invention architecturale. L’objet d’étude est l’escalier en fer-à-cheval du Château de Fontainebleau, ouvrage du XVIIème siècle.
La stéréotomie est une discipline fondatrice de l’architecture, qui établit un lien direct entre la conception et la fabrication. Les opérations géométriques qui guident le dessin et la taille rendent le façonnage du matériau indissociable de l’ouvrage qui en résulte. L’anticipation par la représentation, moins de l’ouvrage fini, que des étapes et des outils permettant sa mise en œuvre, est une composante essentielle de cet art. Les traités de stéréotomie, qui émergent à la même époque, notamment avec Mathurin Jousse et François Derand, sont un témoin de cette intrication. Pour une voûte, une trompe ou un escalier donné, les explications servent en même temps à guider le tracé de l’épure et à dimensionner des instruments, tels que des panneaux, des biveaux et des cerces, qui vont guider la taille de chacune de ses parties en pierre, les voussoirs. Bien avant la standardisation du dessin d’architecture par Gaspard Monge, ces constructions géométriques sont de complexes enchevêtrements de figures dont les étapes, très séquentielles, sont commentées par du texte. Ainsi, la maîtrise de cette chaîne opératoire, de la conception à la fabrication, définit-elle le champ des formes possibles de l’architecture en pierre de taille.
Or les XVIème et XVIIème voient justement émerger de nouvelles formes de voûtes, trompes ou escaliers, à l’instar de réalisations de Philibert de L’Orme. Selon une hypothèse de Philippe Potié, cette capacité d’invention, caractéristique de l’émergence de la figure de l’architecte, se fonde sur une mise en variation de modèles traditionnels. En changeant l’une ou l’autres des composantes géométriques qui guident le tracé, de l’épure à la taille des voussoirs, l’architecte parvient à de nouvelles formes tout en gardant la maîtrise de chacune des opérations. Nos travaux investiguent cette hypothèse en étudiant l’escalier en fer-à-cheval du Château de Fontainebleau. Grâce à des relevés numériques et des modélisations paramétriques, nous suggérons que la voûte principale supportant cet ouvrage est une mise en variation d’un modèle traditionnel largement documenté dans les traités, la voûte d’arête en tour ronde et rampante. Cet assemblage croise un arc rampant avec une vis de Saint-Gilles, un objet de stéréotomie célébré pour sa complexité géométrique. Nos résultats démontrent que trois variations sont effectuées sur le tracé de cette épure, qui soulignent l’originalité de cet ouvrage et la grande maîtrise de ses constructeurs.
Mots-Clefs : stéréotomie, géométrie, pierre de taille, fabrication, traités
Références bibliographiques
- CALVO-LÓPEZ, José, 2020. Stereotomy: Stone Construction and Geometry in Western Europe 1200-1900. Cartagena : Birkhäuser.
- LEMERLE, Frédérique, 2020. L’apparition du traité technique au XVIe siècle en France et sa Fortune au XVIIesiècle de Mathurin Jousse à Claude Perrault. Opus Incertum. 6, 90–97. https://doi.org/10.13128/opus-12363.
- POTIÉ, Philippe, 1996. Philibert de L’Orme : figures de la pensée constructive. Marseille : Editions Parenthèses.
- SAKAROVITCH, Joël, 1998. Épures d’architecture. De la coupe des pierres à la géométrie descriptive, XVIe-XIXe siècles. Basel : Birkhäuser Verlag.
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