- Professeur TPCAU classe exceptionnelle jusqu’au 30 septembre 2013
- Docteur en architecture IUAVenise (Italie)
- Diplôme d’Etat d’Architecte (Italie)
- Membre du laboratoire depuis sa création
- histoire et théories du projet d’architecture
- nouveaux enjeux de la pensée architecturale
Mots-clefs : histoire critique , outils du projet d’architecture
Liens HAL HAL
- Lauréate de la Villa Médicis hors les murs (Vienne-Autriche)
Il y a quarante ans Manfredo Tafuri affirmait l’impossibilité de la théorie en architecture. Puis Hubert Damisch nous offrait les outils nécessaires pour, à partir de l’histoire critique, construire des théorisations. Grâce aux dix ans d’expériences menées avec le master « Aedification-Grands territoires-Villes », de nouveaux modes de projet, et leur théorisation, permettant d’intégrer d’entrée de jeu les enjeux environnementaux et sociaux, ont pu être mis en place. Mais c’est par le travail de recherche de plus de trente ans à l’Ecole d’architecture de Grenoble que nous avons pu commencer un travail théorique spécifique sur le projet d’architecture comme nous l’avions proposé pour le programme 2009-2014 (Very ACL 2012). Deux types de recherches ont été développées, l’un interrogeant ce qui est désigné dans ce nouveau programme de recherche comme « Construction des idées » interrogé par l’histoire critique (Manin Very OV 2012) l’autre, résultat du laboratoire de recherche « Les Métiers de l’Histoire de l’Architecture, édifices-villes-territoires » et de sa communauté scientifique impliquée dans le master, ce qui permet, par des recherches sur des territoires lointains comme Ouagadougou capitale du Burkina Faso, de pouvoir envisager le renouvellement des bases d’une pédagogie de l’architecture (Mama Awal, Very AP 2013). Nous en arrivons au constat que seul le contact par le projet à la réalité des choses et du monde – le projet interroge le territoire – nous permet de le travailler comme objet théorique (Lucente Recchia Thépot Very OS en cours de publication).
Les différentes recherches et plusieurs doctorats du laboratoire où architectures vernaculaires et informelles sont décortiquées, permettent de produire de nouveaux outils d’analyse, un nouveau regard, qui en retour interroge les grandes figures de l’architecture savante passée ou récente et leur formation. Ainsi les énoncés des « Processus de fabrication spatiale » et de la « Construction des idées » prennent-ils souvent source à partir des deux faces d’une même expérimentation. Nous avions déjà exprimé cela dans notre programme de recherche en 2009 sous la forme d’une rédaction en vue d’une HDR où nous avions revisité les différentes pensées du projet au passage du XIX au XX siècle en analysant de grandes figures Viollet-le-Duc, Otto Wagner, Behrens, Le Corbusier ou plus près de nous Carlo Scarpa. Cette partie de la rédaction a été réalisée, mais nous devons terminer l’apport des expériences récentes que nous avons pu mener à partir des expérimentations du master. L’incessante construction d’un nouveau regard à partir du travail du projet nous éclaire en retour soit sur la formation des architectes (Very ACTI 2012) soit sur leurs exigences pour inventer de nouveaux outils du projet. Je redécouvre ainsi aujourd’hui l’actualité de l’intelligence de personnages connus hier, tel Hans Schmidt, que Le Corbusier sollicitait ainsi que l’intérêt vécu de l’internationalisme avec les doctorants.
Sans la recherche menée auparavant grâce aux outils de l’histoire critique sur la spécificité de la pensée des « édifices », des « villes » et des « territoires » et sur leurs relations, qui nous faisait également prendre conscience des enjeux qui se croisent dans le projet aux échelles spatiales et temporelles extrêmement variées, nous n’aurions pas pu comprendre vers où diriger la recherche par et pour le projet. Nous avons résumé cette réflexion dans l’intervention présentée au colloque que nous avons organisé avec le professeur Irena Latek à l’Ecole d’Architecture de la Faculté de l’Aménagement de l’Université de Montréal après avoir pu expérimenter l’importance de la vidéo pour la pensée du projet architectural aujourd’hui grâce à des workshops organisés par Catherine Maumi dans le cadre du master que je dirigeais. Nous l’avions également expliqué dans l’intervention au colloque international de Paris-La Villette Landscape & Imagination (Martin, Paviol, Prungnaud, Very ACTI 2013). C’est ainsi que la réflexion sur l’importance de la culture du regard, ou regard instruit, prit différentes formes selon les membres du laboratoire et que l’on put, dès 2007, en poser les bases théoriques que je restituais dans un colloque dédié aux outils numériques Scan’07 : «Interaction binaire-multiple dans la conception architecturale ».
Puis les travaux de Clotilde Simond et Sophie Paviol engagèrent Irena Latek à proposer de monter le colloque de Montréal dont les travaux ont été continués pour aboutir à la publication d’un livre. Pour préparer ce colloque j’eus la chance de pouvoir dialoguer avec Hubert Damisch sous l’œil de la caméra de Teri Wehn Damisch. J’ai réalisé le décryptage de cet entretien, ce qui a permis d’en réaliser deux montages, un long de 52 mn et un court.
Toutefois la question du « territoire » prit au niveau « théorique » puis « pratique » de plus en plus d’importance dans notre travail. Lorsque nous parlons de travail « théorique », il s’agit du travail théorique à partir – et par – le(s) texte(s) ou dans l’analyse croisée dessin/texte ou vidéo/texte, et travail « pratique » renvoie à la réflexion à partir – par – le projet, et sur la méthodologie, pouvant aller jusqu’au travail philosophique sur la culture du regard. Il ne s’agit donc plus de la recherche d’une « théorie » mais de la construction d’une théorisation plurielle qui peut se rapporter aux différentes couches conceptuelles du projet architectural contemporain. Le laboratoire avait anticipé par son sous-titre « édifices-villes-territoires » la nécessité d’indiquer la multiplicité des mondes matériels et conceptuels qui se croisaient dans le mot « architecture ». Ce qui n’avait rien de nouveau puisque Vitruve commençait déjà ainsi son De Architettura : « Architecti est scientia pluribus disciplinis et variis eruditionibus ornata cuius … V, 1, 1, 1 ». Pourtant, récemment, que l’architecture soit une pensée du monde semblait être oublié, même si Alberti nous l’avait rappelé. Toutefois il ne s’agit plus aujourd’hui d’imaginer une pensée globalement « civilisatrice », comme cela a pu être le cas encore au tournant du vingtième siècle, mais d’un modeste engagement à habiter dignement la terre.
Perspectives scientifiques
– Thématique « Processus de fabrication spatiale »
Dans le cadre de l’entrée thématique « Processus de fabrication spatiale » nous continuerons à élaborer une recherche spécifique par le projet au Burkina Faso. Nous espérons avoir bientôt des expériences de réalisations concrètes à partir desquelles nous développerons des programmes de recherche spécifique. Il s’agira d’une part de recherches pour que le territoire et les édifices puissent accepter les inondations. Les édifices sont construits en terre crue totalement ou en partie. D’autre part, la question posée cette année aux étudiants du master était le confort de vie et de travail des étudiants handicapés et leurs relations à la vie urbaine. Vraie question posée par une association burkinabé de handicapés.
En août 2014 les projets des années précédentes réfléchissant aux « désastres » provoqués par les inondations sont présentés à Durban (Afrique du Sud) dans le cadre du colloque organisé par l’UIA architecture otherwhere durban 2014. Nous avons été intégrés à une équipe déjà constituée comprenant l’Université de la Sapienza de Rome, l’Université de Calabre et l’Ecole spéciale d’architecture de Paris.
– Thématique « Construction des idées »
J’aimerais explorer le travail de préparation des premiers Congrès Internationaux d’Architecture Moderne à la Fondation Le Corbusier et peut-être à l’ETH Zürich si j’en ai les moyens financiers. J’aimerai revenir sur la pensée du territoire (statistiques et visualisation), urbanisme et pensée de la ville. J’avais commencé à lire les écrits de Claude Ponsard à la Bibliothèque Nationale de France. Il s’agit de comparer les procédures d’analyse des territoires des années 30 et ceux des années 60 pour penser l’avenir des territoires aujourd’hui dans le contexte de la pensée environnementale et grâce à l’ouverture permise par les nouveaux outils numériques.