Résumé :
De multiples champs sont familiers de passages par des phases de figuration et de représentation bi-dimensionnelles qui impliquent littéralement une activation de l’image – qu’il convient de penser en relation au type de regard porté sur elle, ainsi qu’aux techniques de mise en espace employés. Nous faisons l’hypothèse que cet usage performatif de l’image suppose bien souvent une forme de détournement qui déclenche et renouvelle la pensée. À ce titre, les outils numériques, à la croisée des arts et des sciences, multiplient les modalités de lectures et de matérialisation de l’image, dont le statut devra être interrogé.
Le passage par la figuration et la représentation bi-dimensionnelles est étroitement lié au processus de conception de multiples champs (architecture, arts visuels, ingénierie…). La mise en espace de l’image (et plus largement de la surface inscrite) est à resituer dans le processus d’invention et de fabrication de la forme et ne peut être pensée indépendamment des techniques ou technologies de développement employées, ainsi que du type de regard porté sur elle.
Ce passage aux trois dimensions s’opère à travers différentes modalités : en continuant une logique propre à l’image (les outils et les conventions de la représentation sont respectées de façon linéaire, voire attendue et selon une cohérence de pensée), ou, au contraire, par un regard décalé sur l’image (lecture autre que ce pour quoi l’image était pensée à l’origine, appariement d’une image et d’un mode d’enregistrement appartenant à deux périodes historiques, cultures ou champs différents, appropriation et développement à l’aide d’un autre outil).
Dans cette seconde approche, il nous apparaît que cette activation, cet usage performatif de l’image, implique ainsi bien souvent une forme de détournement, d’usage à contre-emploi d’outils d’enregistrement et de processus de production. Un dispositif qui permet de développer autrement et autre chose. Qui déclenche et renouvelle la pensée.
Nous nous intéresserons aux outils numériques (photomodélisation, numérisation laser, fabrication numérique…), initialement conçus pour le domaine scientifique, qui font l’objet d’une appropriation dans le domaine architectural et artistique pour y devenir un véritable médium. Ces nouvelles modalités de perception – entre arts et sciences – qui font de toute image une source à partir de laquelle s’organise une recherche formelle vient interroger sa permanence, sa place dans le processus de conception, et jusqu’à son statut. Par enchainement, la question du numérique interroge la frontière entre la représentation et son objet, ou entre le dessein et le projet ; pas de rupture nette, mais une gradation, une survivance de l’image dans l’objet achevé, un trouble entre l’espace réel et l’espace représenté. L’objet ne correspond plus forcément à sa matérialisation physique, mais existe déjà dans un entre-deux, image encore, et déjà objet tangible, manipulable sur l’écran.
CONTACT :
David Wolle : david.wolle(at)grenoble.archi.fr
Anne Faure : anne.faure(at)grenoble.archi.fr
Le projet a été soumis à l’AAP Chercheur.e.s/Enseignant.e.s-chercheur.e.s de la SFR Territoires en réseaux.