- 2012: Docteur de l’université de Grenoble – Spécialité Architecture
- 2007: Diplôme d’Habilitation à l’exercice de la Maîtrise d’Œuvre en son Nom Propre (HMONP) de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble
- 2006: Diplôme d’architecte, mention recherche (ADE) de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble Chercheur associé
- Membre du laboratoire depuis décembre 2005
- Formation de l’architecte
- Regard instruit
- Culture visuelle (Sichtbarkeit- visibilité, esthétisme), culture industrielle et culture architecturale
- Dessin minimal comme pensée non verbale et instrument de formation. Forme courte de représentation
- Géométrie, science classique du plan et modernité
- Histoire comme ressource renouvelable
- Méthode de recherche par croisement théorique (œuvre – personnalité, travail -, discipline, contexte, etc.)
Mots-clefs : théorie de l’architecture, regard, dessin, formation de l’architecte, révolution industrielle/révolution visuelle, abstraction, géométrie, modernité
Contact : s.dietre@orange.fr
Liens HAL : HAL
- Allocation d’études spécialisées du ministère de la culture et de la communication (de juillet 2008 à juillet 2011)
Thèse soutenue le 8 octobre 2012:
Titre : L’Émergence du visible interrogée par les architectes. Le « dessin de note » dans la contrction du regard de Charles-Édouard Jeanneret, Paul Tournon et Jean-Charles Moreux.
Directeur de thèse : Catherine Maumi
Année d’inscription : 23 décembre 2007
Résumé :
Charles-Édouard Jeanneret (1887-1965), Paul Tournon (1881-1964) et Jean-Charles Moreux (1889-1956) voyagent pour leur apprentissage. Les trois architectes notent en dessin leur étonnement, leur émotion, leur compréhension, leur interrogation, activés au contact de la réalité. Ils voyagent aussi bien dans les livres qu’à travers les pays. Ils retiennent en dessin ce qu’ils questionnent et ce qui les questionnent, les impressionnent. Pour se former ils présentent une manière commune d’utiliser le dessin, alors que leur production architecturale sera très différente. Jeanneret, instruit des techniques graphiques des arts industriel et décoratif par Charles L’Eplattenier à la Chaux-de-fonds (1900-1911), note en dessin ce qu’il voit. Il exerce son oeil et sa main, et construit son propre langage visuel et architectural. Il réinterroge son étonnement. Il utilise et détourne des matériaux en fonction de sa perception, par exemple des cartes postales illustrées. Paul Tournon est diplômé de l’École des Beaux arts de Paris en 1912, ayant suivi dès 1903, les ateliers de Scelliers de Gisors puis de Bernier. À partir de documents bibliographiques, il dessine et prend des notes sur les grands édifices publics canoniques de l’architecture classique. Il apprend à composer. Moreux entre dans les ateliers de Duquesne et Recoura à l’École des Beaux arts de Paris (1914-1922), après l’obtention de son diplôme à l’École spéciale des travaux publics de Paris en 1910. Avec une certaine assurance et liberté de dessin, il développe, par la note, un savoir syncrétique.
À partir des fonds d’archives de ces trois architectes, nous avons constitué un corpus de travaux graphiques de ces architectes formés au tournant des XIXe et XXe siècles, de cultures et d’apprentissages différents. Nous nous interrogeons sur la diversité des modes de pensées acquis à partir d’un exercice commun du dessin. Nous proposons de réfléchir sur les différentes manières de produire et reproduire, d’un même geste, sa perception d’architecte. L’architecte apprend ainsi à voir et « voir c’est savoir »1 nous dit Viollet-le-Duc. Nous formons aussi notre regard à saisir et étudier le dessin pour soi-même de l’architecte, en explorant particulièrement celui recueilli en carnet. La recherche porte sur l’analyse du dessin que ces trois personnages utilisent et produisent lorsqu’ils travaillent à s’instruire selon leur propre arbitre et leurs propres moyens, hors les murs des écoles et des ateliers. En situant la question du dessin dans le contexte de la transformation par l’industrialisation, des arts et des sociétés, nous suggérons de regarder trois architectes regardant.
L’émergence du « visible » comme intérêt philosophique à la fin du XIXe siècle, participe d’une interaction nouvelle entre art, science et technique. Le dessin est le principe unique qui fonde et réunit les arts graphiques comme science du « visible »2. Celle-ci se réfère au travail des peintres de la fin du XIXe siècle. À partir de l’hypothèse empruntée à Konrad Fiedler, d’une spécificité de pensée par la « visibilité » – Sichtbarkeit –, nous posons la question de l’extension de cette philosophie à la culture de l’architecte. Par culture nous entendons aussi ce que Vitruve nommait « science de l’architecte » : « Architecti […] scientia ». Bruno Queysanne enseigne que Vitruve fait de cette proposition « un postulat. […] La science de l’architecte est posée comme un axiome ». Elle prend valeur et se renforce par la « science du dessin »5 – « graphidis scientiam [habere] » – qui l’exprime et l’exporte. Le dessin pour l’architecte, a donc vocation signifiante, cognitive et communicante. Relais du « visible », fonctionne-t-il de la même manière quels que soient les modes d’apprentissages et de pensées architecturaux ?
L’expression graphique qui aide à l’architecte à spécifier son oeil critique, est la mise en forme brève et rapide d’une perception du monde. Elle est intellection. L’architecte abstrait son regard en dessin. C’est en acte, une pensée en train de se constituer. La note est l’outil minimal qui s’adapte à la rapidité de l’avènement d’un étonnement, à la surprise et à l’inattendu. Elle a cette double particularité de saisir et de réduire. Nous interrogeons la réduction intellectuelle et graphique comme une « forme courte » de représentation. La « forme courte » est le travail conscient de synthétisation et de recherche de l’essentiel. C’est le dessin construit d’une perception accompagnée de conscience. La note laisse place à l’intuition ; la « forme courte » manifeste du procès de l’intuition à l’entendement. La « forme courte » est une note en dessin réfléchie, où l’architecte se concentre puis étudie ce qu’il regarde et cherche à voir, à montrer. Réduire c’est prendre un parti. La « forme courte » est essentielle et minimale aussi bien dans la méthode graphique d’expression que dans la vocation théorique du signifié. En tant que monade graphique, elle est fragmentaire. Elle présente l’aspect sous lequel le réel se montre à l’architecte et la manière dont l’architecte perçoit le réel. Chaque trait est pensé et pensé comme matérialité. C’est un acte conceptuel.