- 1986 : CEAA Les Métiers de l’Histoire (Grenoble)
- 1983 : architecte DPLG (Lyon)
- Membre du laboratoire depuis 1986
- L’enseignement de l’architecture (XVIe s. – XIXe s.).
- Les mots de l’architecture.
- Les Ingénieurs et l’aménagement du territoire bourguignon au XVIIIe s.
Mots-clefs : enseignement, XVIIIe s., ingénieur, édifice, aménagement, mots de l’architecture et du territoire, académies des sciences, traités, manuels, encyclopédies.
À l’origine, nos travaux étaient marqués par le plus grand éclectisme, s’inscrivant avant tout dans les opportunités offertes par la recherche subventionnée et les demandes particulières de Bruno Queysanne, alors Directeur de l’Équipe de Recherche. Entre travail d’archives, développement informatique et traductions latines, difficile de trouver un filum Ariadnes, d’autant que nos compétences en histoire étaient, à l’origine, à peu près nulles, la faute à une formation peu régulière au sein d’une École où l’enseignement de l’Histoire des théories et du métier était fragmentaire.
La rencontre fortuite d’un exemplaire en accès libre (Bibliothèque Municipale de Lyon) du Précis des Leçons d’Architecture à l’École Polytechnique de Jean-Nicolas Durand, avait été, pour nous, fondatrice. On ne dira jamais assez les avantages qu’il peut y avoir, à certains moments, à ignorer totalement la doxographie d’un sujet. Et c’est ainsi qu’en cheminant, il nous était apparu clairement que le Précis… était d’abord et avant tout une réponse formelle aux demandes explicites du Conseil de Perfectionnement de l’École Polytechnique de l’époque mongienne. La présentation déductive des contenus, l’inscription de l’Architecture dans un organon encyclopédique, parmi les objets susceptibles d’une définition rigoureuse (la mathématique selon Monge), les variations dans le nombre de leçons accordées annuellement à l’instituteur d’Architecture, expliquaient la tentative théorique de Durand, ses pratiques pédagogiques n’étant fondamentalement guère différentes de celles de Jacques-François Blondel ou Julien David-Leroy.
Toujours est-il que, au fil du temps, nous avons constitué un fond documentaire nourri par toutes les circonstances d’une vie et, à vrai dire, un tempérament de bénédictin. Nous pouvons l’organiser en quatre axes thématiques, ceux qui articulent la structure du blog « Tugurium », une sous-section du blog du Laboratoire MHAevt.
Les enseignements publics de l’architecture.
Nous avions continué nos recherches par un travail sur les cours d’architecture à l’usage des Ingénieurs. En un temps où l’on ne trouvait pas de ressources en ligne et où la littérature sur le sujet était à peu près inexistante à part les travaux de René Taton, la recherche devait un peu au hasard, à la proximité des bibliothèques et à une lecture attentive des catalogues. C’est ainsi que notre corpus fut formé, pour l’essentiel, d’un carnet d’ingénieur de l’École du Génie de Mézières, de 2 recueils d’exercices graphiques de l’École Polytechnique (1812 et 1830) au temps de J.-N.-L. Durand, et de la lithographie des Cours d’Architecture civile de Louis-Charles Mary à l’École Centrale des Arts et Manufactures. À cela s’ajoutaient les différents manuels en usage, pour l’essentiel, le Précis… de Durand, le Cours… de Mandar, le Traité… de Léonce Reynaud, ainsi que des éléments de Programme Pédagogique de l’École Polytechnique tels qu’ils étaient publiés par le Conseil de Perfectionnement de ladite École.
Le travail sur l’enseignement de l’École de l’Académie d’Architecture (1671-1791) en fut une suite logique et nous donna les éléments pour notre recherche sur Philippe de la Hire (1988). Le profil particulier du personnage, successivement peintre, mathématicien et astronome, nous avait conduit à remonter aux enseignements de François Blondel, militaire, ingénieur de la Marine, mathématicien et « architecte », puis dans ceux des Collèges Jésuites, l’Architecture y étant inscrite parmi les espèces de la Mathématique (comme il l’était préconisé dans la Ratio Studiorum de 1563). Les autres enseignements de mathématiques aux XVII et XVIIIe siècles suivirent. Une suite convenable à cette démarche était une remontée dans les différents organons ou ordres encyclopédiques, d’Isidore de Séville à Diderot en passant par la Biblioteca Classica Selecta de Possevin et ce qui est son pendant protestant, l’Encyclopædia… d’Alstedt. Cet ensemble de références s’est construit, au cours des années 1980, dans le cadre d’un enseignement d’histoire.
La partie Architecture comme sous-section d’un enseignement des mathématiques ou, si l’on préfère, de construction d’une identité de la discipline Architecture dans les différents projets encyclopédiques, reste encore à publier ; la difficulté est de l’articuler. Par ailleurs, une attention particulière sera portée à Léonce Reynaud, le seul à traiter de la Ville comme projet, même si c’était de manière incomplète. Son travail de professeur tire avantage de ses productions de jeunesse, dans lesquelles nous incluons notamment sa contribution à l’entreprise de l’Encyclopédie Nouvelle dirigée par Pierre Leroux et Jean Reynaud, particulièrement les articles Architecture, Voies de communication et Ville (lequel est de Jean Reynaud selon Léonce R., de Léonce Reynaud, selon Antoine Picon).
Les ingénieurs des États et l’aménagement de la Bourgogne au XVIIIe siècle.
De l’oganisation du colloque Gauthey en 1992 à l’exposition Les Ingénieurs des États… de 1997 (en 208 objets + 1 (un pyramidion du grand Pont de Chalon détruit en 1944, et repêché dans le fleuve par Louis Bonnamour dans les mois qui précédèrent l’inauguration), nous avions fini par former un projet de thèse qui n’a pas abouti. Restent les données, lesquelles sont multiples et variées, embrassant tous les domaines d’activité de ceux qui portèrent ce titre.
En accord avec la problématique du Laboratoire, nous nous intéresserons aux éléments archivistiques les plus pertinents, sinon les plus spécifiques au métier d’ingénieur. On fera voir, par exemple, le modèle des feuilles d’enquête sur les chemins qui ont, sans doute, tous été détruits après compilation, mais dont nous avons un exemplaire. La question des échelles sera abordée à travers l’élaboration de pratiques techniques et réglementaires des relevés, du territoire (au sens contemporain) à la Ville, en passant par les Atlas de voies. Le plan fait par Cherrier pour Semur-en-Auxois en 1787, inscrit dans un projet général de gestion des voies urbaines en Bourgogne, le seul réalisé, sera mis en parallèle avec ce que fit Verniquet pour Paris, quelques années plus tard.
Les éléments de la vie académique nous paraissent également pertinents. Lorsqu’un ingénieur veut faire carrière, il devient membre d’une académie (Dumorey, Antoine et Gauthey à Dijon, mais on trouve aussi Vialet à Chalons-sur-Marne puis Caen, Hüe à La Rochelle, Lecreulx à Nancy, les Deville et Lallié à Lyon, Aubry à Bourg-en-Bresse, Lomet à Agen, etc., les ingénieurs du Canal du Midi, les Garipuy et autres étant tous membres d’une Académie, Montpellier ou Toulouse). Thomas Dumorey lui ayant fourni un fossile, Buffon le cite dans son Histoire Naturelle (il aurait aussi fait, dit-on, le projet des Forges de Buffon, mais il n’existe aucun document), mais d’autres, comme Gauthey, sont plus prolixes, entre mémoires liés au métier (sur les sonnettes à enfoncer les pilotis ou sur l’épaisseur des murs de soutènement), et projet pasigraphique (Dissertation sur la Langue Philosophique). Les esquisses faites par Dumorey et Lallié d’un traité de l’art de l’Ingénieur n’aboutiront pas.
Lexicographie.
A l’exemple de l’article Rue du Trésor des Mots de la Ville, nous avons quelque fois cumulé des éléments qui n’ont pas toujours pu survivre aux réductions, mais permettent, malgré tout, d’aller bien au-delà de ce que les contraintes de publication autorisent. Il y a aussi des mots dont l’histoire se perd, faute de curiosité ou de patience. Tel est par exemple le mot de constructio dont Isidore de Séville fait un chapitre à part de son « encyclopédie » du début du VIIe siècle, et dont nous avons fait une étude assez étendue, de la Rhetorica ad Herennium au De Re Aedificatoria d’Alberti. On en proposera une traduction. C’est en travaillant sur la perspective, de Vitruve à Newell, que nous nous étions rendu compte combien la fixation d’un vocabulaire peut être sujette à des aléas de transcription ou d’autres causes plus profondes. Le « Point de vue.» se définit comme le point où porte la vue ou comme le point d’où l’on porte la vue (communément « Point de visée.») Cette ambiguïté perdure encore de nos jours dans l’esprit de certains ; presque une question de psychanalyse.
Varia
Tel est le cas, par exemple, d’un travail sur Philippe de la Hire et la question des Ponts à l’Académie d’Architecture. Au début de l’Académie, celle-ci tenait le rôle de ce qui sera plus tard (circa 1750) le Conseil Supérieur des Ponts et Chaussées, suivant la remarque d’Henri Lemonnier. François Blondel, prédécesseur de Philippe de la Hire au poste de Professeur, lui-même mathématicien et ingénieur militaire, tenait au programme global de l’Architecture, tel qu’il est énoncé avec emphase par Alberti. « Edifice : est toute sorte de lieu élevé par artifice.», telle est la magnifique définition que donne d’Aviler dans son Ample Explication, sans que l’on sache vraiment d’où lui vint cette inspiration… Le chemin, le pont, le fleuve que l’on transforme, le canal, les différentes espèces de bâtiments, tout est objet digne d’un architecte, à une époque où seul existe l’ingénieur militaire et où la spécialisation ingénieur des ponts et chaussées n’existe que dans un courrier de Colbert donnant ses instructions à l’architecte François Chamoy en 1765, avant d’être mise en réserve jusqu’en 1713, date de la première tentative de former un corps spécialisé. Les Bruant ou Bullet, parmi les premiers membres de l’Académie, en font souvent fonction, mais ne sont pas désignés comme tels. Est-ce le brevet qui fait le métier ?
Un autre exemple serait le travail que nous avons commencé sur Vitruve, inventeur d’Aristippe. Dans la préface du VIe Livre, Vitruve nomme Aristippe de Cyrène comme étant le philosophe découvrant à la suite d’un naufrage des signes géométriques sur une plage de Rhodes et s’écriant alors : « Bene speremus ! hominum enim vestigia video.» (« C’est donc qu’il y aurait des hommes ici.») L’anecdote se trouve rapportée par Cicéron dans son De Republica, le naufragé étant Platon lui-même. Aucune source antérieure ne mentionnant Aristippe, la question sera double : celle des sources, de leur fiabilité ; celle de la formation grecque de Vitruve, déjà explorée par d’autres, mais sous un angle purement architectural. Toujours est-il que Vitruve sera la source de Diogène Laërce et des autres, avec des variantes circonstancielles sur l’espoir exprimé, video étant remplacé par agnosco par Bernard Lamy, par adspicio chez Voltaire. Ce projet est en partie inspiré par le travail de Hans Blumenberg sur l’anecdote platonicienne de l’astronome tombé dans un puits (Das Lachen der Thrakerin) et de ses différentes variations au cours des siècles ; Blumenberg a lui-même cité Vitruve, avec une fausse référence, il est vrai, mais cela montre combien l’aventure du supposé Aristippe a des vertus pédagogiques.
Hormis ces exploitations de nos anciens fonds, nous nous occuperons, avec Carol Thomas, responsable de la Bibliothèque de l’ENSAG, du tri, de l’évaluation et de la mise en exploitation du fonds documentaire légué par le professeur Pierre Saddy à l’ENSAG.