Depuis le début du XXe siècle, nous observons des échanges réguliers entre les arts-visuels et l’architecture. Sous la forme de collaborations diverses, les deux disciplines se nourrissent réciproquement. L’intérêt de certains architectes pour la peinture, la sculpture, ou encore les installations, permet de transcender la forme, la matérialité et l’atmosphère des lieux. Cependant, les résultats de ce dialogue sont mitigés. En effet, la place donnée aux arts visuels dans l’architecture reste souvent accessoire. Inclus tardivement dans le projet, l’art pallie des manques et trouve difficilement sa place.
Les processus de conception, le vocabulaire de l’architecture, les édifices construits, jusqu’à leur implantation dans le territoire, sont autant de sources d’inspiration pour l’artiste. Empreint d’une plus grande liberté, et exempt de tout usage, l’art poussera bien plus avant ses références à l’architecture pour donner lieu à une production artistique hétéroclite et novatrice. De fait, de nombreuses expériences nous montrent que l’hybridation est possible. Les nouveaux idéaux promus par le groupe de recherche De Stijl, dès 1917, ou les enseignements dispensés à l’école du Bauhaus à partir de 1919, proposent une nouvelle pensée des relations entre art et architecture, mais aussi une autre manière de faire de l’architecture et de l’art. Ces expérimentations des années 1920 – 1930 ont permis des rencontres et un renouvellement de la production, tant architecturale, qu’artistique, au travers d’une pensée globale et de pratiques multiples. Ces tentatives sont autant de propositions pour aller vers l’entente et dépasser la synthèse des arts si chère à Le Corbusier pour qui l’oeuvre d’art n’est qu’« ( …) un objet physique artificiel destiné à produire des réactions subjectives » (1923).
En présence d’historiennes de l’art et de l’architecture, d’artistes et d’architectes contemporains, nous chercherons à comprendre comment se réalise le transfert des savoirs et quels sont les processus créatifs mis en oeuvre aujourd’hui. Comment l’architecture s’inspire-t-elle de l’art, et réciproquement, comment l’art s’inspire-t-il de l’architecture ?
Programme
9h00 / Accueil
9h45 / Introduction de la journée par Philippe Marin, directeur du laboratoire MHAevt, ENSA de Grenoble
10h00 / Daniela Schönbachler, artiste, enseignante à l’HEIA Fribourg Le dialogue constructif entre art et architecture aujourd’hui
10h40 / Rémy Jacquier, artiste, enseignant à l’ENSA de Nantes Terrains Vagues. Rebonds et influences entre architecture, expérience artistique et pédagogique
11h20 / Samuel Rey, artiste et architecte, Fribourg L’image prospective et descriptive comme dénominateur commun entre art et architecture
12h00 / Pause déjeuner
14h00 / Maïlis Favre, historienne de l’art, Université de Genève « L’oeuvre d’art n’emballe la masse que lorsque tout concourt à lui faire un cadre de beauté » ; Le Corbusier et la synthèse des arts
14h40 / Audrey Jeanroy, historienne de l’art, Université de Tours Claude Parent. Qui perd gagne : trajectoire d’un architecte (pour un temps) assistant d’artistes
15h20 / Paula Barreiro Lopez, historienne de l’art, Université Grenoble Alpes Utopies d’avant-garde pour une société nouvelle pendant le franquisme: le cas d’Arte Normativo ou la synthèse entre peinture, architecture et design
16h00 / Discussion et conclusion de la journée
Enregistrements
Visionner les interventions : consultables ici
Organisation :
Laboratoire des Métiers de l’Histoire de l’Architecture de l’ENSA Grenoble :
Anne Faure,
enseignante-chercheure, MHAevt, faure.a@grenoble.archi.fr ;
Melina Ramondenc,
doctorante, MHAevt, ramondenc.m@grenoble.archi.fr